Give nothing away, no dark confession… (Peter Milton Walsh / The Apartments)

Talitres a publié il y a peu (c’était à l’occasion du « Record Store Day » — ou « Disquaire Day », en franglais), en vinyl et numérique, l’enregistrement d’une session que Peter Milton Walsh et ses Apartments avaient enregistré pour France Musique à l’occasion de leur passage en France l’année dernière : Seven songs, soit « Things you’ll keep », « Thank you for making me beg », « World of liars », « On every corner », « Mr Somewhere », « Every day will be new » et « All you wanted ». Le vinyl est épuisé, mais la version numérique est téléchargeable pour le prix modique de 6 euros.

http://talitres.com/news/the-apartments-seven-songs/

Les versions y sont très sobres, simplement orchestrées avec la présence du groupe, voire appliquées (au bon sens du terme), assez retenues, comme si Walsh s’était efforcé  de contenir l’émotion propre à ses accents vocaux et à la charge affective des chansons  sous un format plus pop et mélodique, refusant la détresse et l’éperdu pour les tenir à  distance — relative.

Réécouter ces chansons, comme le souvenir encore récent du concert en formation large des Apartments de l’automne dernier (la tension sensible de Peter Walsh, de retour après 15 ans, qu’on sentait impressionné derrière ses lunettes noires par la salle remplie à craquer des Bouffes du Nord qui lui faisait face et le son des six instrumentistes qui l’accompagnaient, en oubliant même en cours de route les parole de « The Goodbye train » pour tourner en instrumental trois minutes durant, avant que la libération ne vienne avec deux bouleversantes versions acoustiques de « World of liars » et « Mr Somewhere », et un  « What’s left of your nerves » final où l’éperdu resurgissait après avoir été tant retenu ; le plus bouleversant des songwriters de ces dernières années arrivera-t-il à faire ce nouvel album qu’il annonce pourtant ? Si aucune chanson — à part bien sûr « Twenty-one », la chanson pour son fils décédé entendue exceptionnellement en concert en 2009 et semble-t-il à Chinon l’année dernière, mais non aux bouffes du Nord — ne semble pointer le bout de son nez, il paraît qu’il poste assidûment sur Facebook), m’a bien évidemment renvoyé au concert (semi-)acoustique de l’Européen en 2009, ce retour surprise et inespéré, ce moment unique d’émotion simple, droite et poignante.

En voici deux extraits : l’éperdu rageur, le doucement poignant, à savoir :

The Goodbye train :

« this side of town you had forgotten / where all the melancholy janes / just reminisce or go insane » / « this side of town you had forgotten / where all the melancholy joes / along the river that you know // are fading fast, the cheap illusions / maybe a hundred towns ago / they had a hundred kinds of hope / they held out for the big tomorrow / always on the outside looking in / the windows of the rich »

« where are you now ? my dark obsession / i walk the streets in dead man’s shoes / through smoke & rain to get to you // (…) // you tear your dress, you tear your stockings / your tear up everything we had / both the beautiful and bad »

Et Mr Somewhere :

« Day comes up sicker than a cat… » (…)

« Now the milkman beats you to the door / That was once a home, is home no more / Mr Somewhere misses somewhere / Couldn’t get the calendar to stop / Missing somewhere never did figure / Just how much / Missing somewhere, never will admit just how much »

Sur l’émotion de ce concert, le blog « on a good day » avait consacré une discussion collective traduisant bien tout ce qui s’était joué dans cette heure et demie à travers la voix et les chansons de ce revenant bien humain :

Et, bien avant, Sylvain, l’animateur d’ « On a good day » avait consacré un texte à l’album  Drift :

(Et Arnaud Maisetti avait écrit un beau texte à partir de « Mr Somewhere » dans la rubrique la rubrique « A la musique » de son site…)

Drift, chef d’œuvre (comme les autres rares albums des Apartments, A Life full of farewells entre autres — qui contient avec « She sings to forget you » [en bonus plus-bas] une autre version de « The Goodbye train », piano-voix dont la simplicité bouleversante se déchire sur le « You can’t give in » final —, aussi) qui a accompagné bien des errances (ou dérives) diurnes et nocturnes de beaucoup d’entre nous, je pense, et que ceux qui ne le connaissent pas devraient commander d’urgence, réédité chez Talitres, justement ( http://talitres.com/artistes/the-apartments/  ) — pour boucler la boucle.

Mise à jour 13 mai ’13 PM : rétablissement des liens « on a good day » qui ne fonctionnaient pas, correction de la référence au site d’Arnaud Maisetti, insertion ici-même d’un lien vers la version album de « The Goodbye train », bonus ci-après « She sings to forget you » (album A Life full of farewells) :

Mise à jour 24 mai ’13 : lien vers un autre texte sur « All the Birthdays » de Walsh / The Apartments:

Walsh again (The Apartments, All the Birthdays)